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Collision avec le relief lors d'un vol en montagne

Collision avec le relief lors d'un vol en montagne

Responsible entity

France - BEA

Investigation progression Closed
Progress: 100%

Evénement : collision avec le relief lors d'un vol en montagne.

Causes identifiées :

- prise en compte insuffisante des caractéristiques du relief lors de la préparation du vol retour,

- méconnaissance des particularités du vol en montagne.

 

Circonstances

Le pilote décolle en piste 01 de l'aérodrome de Bagnères (31) à destination de l'aérodrome d'Auch (32). Conformément aux consignes de départ figurant sur la carte d'approche à vue, il longe le versant droit de la vallée de Luchon en direction du nord. Après une ligne droite d'environ trois milles marins, ce cheminement doit le conduire à modifier progressivement son cap d'environ vingt degrés vers la droite, puis à virer à gauche peu après le village de Cierp (voir carte ci-après), point de sortie de la vallée principale.

Un témoin, situé à 3 900 pieds d'altitude sur le flanc nord d'une vallée secondaire, voit l'avion en montée et en virage à droite, survoler le village de Gouaux-de-Luchon, puis passer au-dessus de lui à faible hauteur. L'avion disparait ensuite vers l'est, en longeant le flanc nord de cette petite vallée, perpendiculaire à la vallée principale (voir carte ci-dessous). Il s'écrase dans une zone boisée sur le relief présentant une forte pente.

L'examen de l'épave et les témoignages, ainsi que la comparaison entre les performances de montée de l'avion et la trajectoire, montrent que le moteur fonctionnait normalement et que l'avion avait une vitesse relativement faible lorsqu'il a heurté le relief. Les volets étaient rentrés.

Le pilote n'a reçu aucune formation au vol en montagne. Avant le départ, le président de son club, qui est également instructeur et qui connait les particularités de l'aérodrome de Bagnères, lui a demandé son expérience en montagne. Le pilote lui a répondu qu'il connaissait cet aérodrome, car il craignait que le président ne l'empêche de partirj.

Le pilote a préparé le vol retour en recopiant les distances et temps de vol estimés du journal de navigation de son vol aller (voir extraits ci-après). Il a modifié de 180° les routes à suivre. La route reportée pour le départ est ainsi de 35°, alors que l'orientation de la vallée est de 10°. Cette dernière augmente progressivement vers 35° après un temps de vol d'environ quatre minutes. Le pilote précise qu'il n'a pas pensé à utiliser des repères visuels, tels que la voie ferrée qui conduit au point de sortie de la vallée. Il ajoute que son intention était de « coller au relief à droite ». Dans les derniers moments du vol, il a éprouvé des difficultés à contrôler l'avion puis il s'est retrouvé face à la montagne. Un des deux enfants explique que l'avion s'est incliné successivement à droite et à gauche puis est tombé dans les arbres.

A l'entrée dans la vallée secondaire, le pilote ne pouvait pas voir le col situé à l'extrémité de celle-ci sur sa gauche. L'altitude de l'avion était inférieure d'environ mille pieds à celle du col. A l'endroit où le pilote pouvait enfin apercevoir le col, la largeur de la vallée était de l'ordre de 150 mètres, ce qui rendait le demi-tour impossible. Les performances de l'avion ne permettaient pas de franchir le col.

L'environnement montagneux masque l'horizon naturel, utilisé comme repère visuel principal lors du vol à vue en plaine. S'il prend comme référence une ligne de crête présentant une inclinaison, le pilote peut inconsciemment incliner l'avion et ainsi se mettre en virage.

Cette erreur de perception peut également entraîner la prise d'une assiette excessive et conduire progressivement à un vol au second régime allant jusqu'au décrochage. Il n'a pas été possible de déterminer si le pilote a été victime de ce type de désorientation spatiale.

j Le pilote s'était rendu une seule fois par avion sur l'aérodrome de Bagnères, une vingtaine d'années auparavant.