Accident de l'Issoire APM20 Lionceau immatriculé F-GRRH survenu le 06/02/2022 sur l’aérodrome d’Eyguières (13)
Atterrissage dur, rupture du train principal droit, sortie latérale de piste lors d’une simulation de panne moteur en montée initiale, en instruction
Rapport d'Enquête cat.3 : rapport sur un événement aux conséquences limités, élaboré à partir d'un ou de plusieurs témoignages n'ayant pas fait l'objet d'une validation indépendante par le BEA.
Note : Les informations suivantes sont principalement issues du témoignage de l’élève pilote et de l’instructeur. Ces informations n'ont pas fait l'objet d'une validation indépendante par le BEA.
1 - DÉROULEMENT DU VOL
L’élève pilote décolle à une vitesse d’environ 50 kt, depuis la bande revêtue de la piste 33[1], avec du vent variable de face pour 10 kt, pour effectuer des tours de piste en double commande. À une hauteur d’environ 100 ft, en montée à 60 kt avec un cran de volets, l’instructeur annonce « panne moteur » et réduit complètement la puissance pour simuler une panne. L’élève pilote ne réagissant pas immédiatement, l’instructeur prend les commandes en poussant fermement la commande de profondeur vers l’avant pour diminuer l’incidence et effectuer un posé-décollé sur la partie restante de la piste. Il effectue un arrondi avec la commande de puissance sur plein gaz, mais il atterrit durement, à environ deux mètres à gauche de la bande revêtue. Lors du contact avec la piste non revêtue, la jambe du train principal droit se rompt. L’avion effectue une embardée vers la droite, traverse latéralement la bande revêtue. Il effectue ensuite un cheval de bois et s’immobilise 50 m plus loin sur la piste 33 non revêtue[2] (à environ 485 m de l’extrémité de la piste non revêtue et environ 125 m de celle de la bande revêtue), à deux mètres du bord latéral droit de celle-ci.
2 - RENSEIGNEMENTS COMPLÉMENTAIRES
2.1 Expérience de l’élève-pilote et de l’instructeur
L’élève pilote, âgée de dix-huit ans, a débuté sa formation au brevet de pilote privé avion PPL(A) au mois d’octobre 2020. Elle totalisait 28 heures de vol (toutes sur le type), dont deux dans les trois mois précédents. Elle avait volé pour la première fois la veille avec cet instructeur qui remplaçait son instructeur habituel qui était en congés. Durant ce vol, ils avaient fait des exercices de pannes, des décrochages et des tours de piste.
L’instructeur, âgé de 67 ans, est titulaire d’une licence de pilote professionnel d’avion CPL(A) depuis 1979 et détient la qualification d’instructeur depuis 1991. Il avait été pilote de chasse puis pilote d’essai. Il totalisait 9 000 heures de vol sur avions légers dont 5 000 en instruction sur avions monomoteur. Il totalisait 150 h sur le type dont une heure environ dans les trois mois précédents.
2.2 Témoignages
L’élève pilote explique que l’instructeur ne lui a pas indiqué qu’il allait simuler une panne du moteur au décollage. Elle ajoute que c’est l’instructeur qui a fait oralement le briefing sécurité avant décollage, car elle ne le connaissait pas encore et qu’il n’était pas détaillé dans la check-list. Lorsque l’instructeur a tiré sur la commande de puissance, elle s’est demandé quelle en était la raison et n’a pas réagi immédiatement.
L’instructeur explique qu’il voulait vérifier la bonne assimilation de la réaction attendue face à une panne du moteur en montée initiale, en particulier celle de rendre la main pour diminuer l’incidence et maintenir la vitesse. En effet, la veille, ils avaient réalisé le même exercice (débuté cette fois-ci à 300 ft de hauteur) durant lequel l’élève pilote avait été surprise et n’avait pas eu de réaction. Il explique qu’au moment du posé, il restait encore 125 m de bande revêtue, auxquels s’ajoutaient 400 m de piste non revêtue. Son intention était de redécoller après le toucher des roues.
2.3 Renseignements sur l’avion
D’après le manuel de vol, les performances de décollage et d’atterrissage de l’APM20 sur une piste revêtue avec 10 kt de vent de face, à la masse maximum autorisée au décollage et en condition standard, sont les suivantes :
- 265 m environ pour la longueur de roulement au décollage ;
- 400 m environ pour la longueur de décollage (passage des 15 m) ;
- 215 m environ pour la longueur de roulement à l’atterrissage ;
- 375 m environ pour la longueur d’atterrissage (passage des 15 m).
2.4 Consignes de sécurité de la Fédération Française Aéronautique (FFA) pour les exercices de panne moteur en montée initiale, en instruction
Le Manuel de Sécurité SEP ou TMG, 1ère édition d’octobre 2015, rédigé par la Commission Formation de la FFA, est destiné à l’usage des examinateurs (FE), ainsi que des instructeurs (FI) exerçant au sein des aéroclubs de la FFA qui en feraient le choix. Ce manuel précise les consignes de sécurité à appliquer par un FE pendant la conduite d’une épreuve ou d’un contrôle. Il permet également à l’instructeur de prendre en compte ces consignes de sécurité et de les appliquer pendant la formation en vol des élèves pilotes.
Toute simulation de panne doit être stoppée si les conditions optimales de réalisation ne sont pas réunies.
La fiche de sécurité 4-4 intitulée « Panne moteur simulée après décollage » indique de suivre les consignes suivantes :
- Hauteur de déclenchement de la réduction de puissance au-delà de 500 ft AGL ;
- Hauteur minimale de fin d’exercice : 300 ft AGL ;
- En cas d’identification tardive de la situation ou de réaction inappropriée par le candidat, l’annonce « COMMANDES A DROITE » suivie de l’arrêt immédiat de l’exercice doit être réalisé par l’examinateur.