Accident du Cessna 172 S immatriculé F-HJOC survenu le 11/02/2022 à Lille - Marcq-en-Barœul (59)

Rapport d'Enquête cat.3 : rapport sur un événement aux conséquences limités, élaboré à partir d'un ou de plusieurs témoignages n'ayant pas fait l'objet d'une validation indépendante par le BEA.

Note : Les informations suivantes sont principalement issues des témoignages du pilote et de l’exploitant d’aérodrome. Ces informations n'ont pas fait l'objet d'une validation indépendante par le BEA.

1 - DÉROULEMENT DU VOL

Le pilote, accompagné d’un passager, décolle de l’aérodrome de Persan Beaumont (95) vers 15 h 40 à destination de Lille - Marcq-en-Barœul. Il prévoit d’y récupérer une personne puis de revenir à l’aérodrome de départ.
Le pilote, qui a connaissance d’un NOTAM indiquant que l’aérodrome de destination est réservé aux aéronefs basés ou autorisés par l’exploitant d’aérodrome, appelle ce dernier en vol vers 15 h 50 pour l’informer de son intention de venir.
À l’arrivée au point N de l’aérodrome de Lille-Lesquin[1], qu’il avait identifié en aérodrome de dégagement, le pilote poursuit vers l’aérodrome de Lille - Marcq-en-Barœul pour prendre connaissance des conditions du terrain.
À son arrivée à la verticale de l’aérodrome, le pilote aperçoit un aéronef atterrir en piste 25 sans incident. Estimant alors que la piste est praticable, il s’intègre dans le circuit d’aérodrome en début de vent arrière.
Au cours de l’atterrissage, la roulette de nez de l’avion s’enfonce dans le sol meuble et l’avion part en cheval de bois par la gauche. Au cours de cette perte de contrôle, les saumons et l’hélice de l’avion sont endommagés.

2 - RENSEIGNEMENTS COMPLÉMENTAIRES
2.1 Renseignements sur le pilote

Le pilote, âgé de 29 ans, est titulaire d’une licence de pilote privé avion depuis 2019. Il totalisait le jour de l’accident 174 heures de vol, dont 31 sur type.

2.2 Renseignements sur l’aérodrome

L’aérodrome de Lille - Marcq-en-Barœul dispose de deux pistes croisées en herbe. La carte VAC de l’aérodrome ne précise pas d’éventuelles restrictions d’utilisation de ces pistes.
Les pistes de l’aérodrome n’étant pas drainées, le sol devient habituellement boueux en période hivernale. Chaque année, un NOTAM est ainsi émis afin de limiter l’utilisation aux aéronefs basés ou autorisés par l’exploitant. Durant cette période, l’aéroclub et la société ULM basés se délocalisent sur l’aérodrome de Lille-Lesquin (59) en raison de l’état dégradé des surfaces. Seuls quelques pilotes propriétaires d’aéronefs utilisent l’aérodrome.
Le jour de l’événement, le NOTAM suivant était en vigueur :

LFFA-E0328/22
Q) LFFF/QFALT/IV/NBO/ A/000/999/5041N00305E005
A) LFQO LILLE MARCQ EN BAROEUL
B) 2022 Feb 01 00:00 C) 2022 Feb 28 23:59
E) AD RESERVE AUX AERONEFS BASES OU AUTORISES PAR LE GESTIONNAIRE

Les photographies prises juste après l’accident montrent des sillons de boue creusés par les roues de l’avion dans le sol herbeux de la piste.

2.3 Renseignements sur les conditions météorologiques

Le METAR de l’aérodrome de Lille-Lesquin, situé à 15 km du lieu de l’accident, indiquait à 16 h 30 :

• vent de direction variable pour 3 kt,
• CAVOK,
• température de 8 °C.

2.4 Témoignage complémentaire du pilote

Le pilote déclare que, lors de son échange téléphonique avec le représentant de l’exploitant, ce dernier lui a indiqué que le terrain n’était « pas praticable », sans lui interdire formellement de rejoindre l’aérodrome.
Le pilote ajoute que l’aéronef qu’il a vu atterrir sans difficulté en piste 25 a pu provoquer un biais de confirmation sur la possibilité d’atterrir sur l’aérodrome de Lille - Marcq-en-Barœul. Il a appris après l’accident que cet aéronef était un ULM.
Le pilote précise qu’une information explicite sur l’état dégradé des pistes en hiver portée dans la carte VAC de Lille Marcq-en-Barœul permettrait de mieux prendre en compte ce risque.

2.5 Témoignage complémentaire de l’exploitant d’aérodrome

Le représentant indique que, lorsqu’il a informé le pilote que les pistes de l’aérodrome étaient impraticables en raison des pluies des derniers mois, ce dernier lui a répondu qu’il prenait la responsabilité d’atterrir sur l’aérodrome car il devait y récupérer une personne. Le représentant lui a répondu que « cela ne se pass[ait] pas comme ça ». La connexion téléphonique étant de mauvaise qualité, le pilote lui a dit qu’il le rappellerait. Le représentant indique qu’il n’a jamais été recontacté.
Il précise que, le pilote ne l’ayant pas recontacté le jour de l’accident, il ne connaissait ni l’identité du pilote, ni le type et l’immatriculation de l’aéronef. Lorsqu’une autorisation est donnée à un aéronef non basé, l’exploitant transmet par e-mail aux usagers basés l’identité du pilote et l’immatriculation de l’aéronef.
Au cours des mois de janvier et février 2022, l’exploitant n’a accordé aucune autorisation d’atterrissage pour un aéronef non basé, à l’exception d’un hélicoptère le 18 janvier 2022. En particulier, un pilote qui souhaitait convoyer un aéronef en maintenance sur l’aérodrome de Lille Marcq-en-Barœul a demandé chaque semaine une autorisation, refusée à chaque fois par l’exploitant du fait des conditions de l’aérodrome.