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Accident du Cessna F150 immatriculé F-BXNH survenu le 23/05/2016 à Le Blanc (36)

Basculement sur le dos lors d'un exercice d'encadrement sur une piste en herbe contaminée, en instruction

Autorité en charge

France - BEA

Progression de l'enquête Cloturée
Progress: 100%

Note : les informations suivantes sont issues du témoignage du pilote et de l’instructeur. La validité de ces informations n’est pas assurée.

1 - DÉROULEMENT DU VOL

L’élève et son instructeur décollent vers 15 h 30 de l’aérodrome de Châteauroux-Villers (36) pour un vol de contrôle avant lâcher en navigation solo.

Arrivés à la verticale de l’aérodrome du Blanc, à la demande de l’instructeur, l’élève réalise une prise de terrain par encadrement, moteur réduit, sur la piste en herbe de l’aérodrome.

Lors de la remise de gaz, le train d’atterrissage s’enfonce dans le sol, et l’avion bascule sur le dos.

2 - RENSEIGNEMENTS COMPLÉMENTAIRES
2.1 Renseignements sur l’aérodrome

L’aérodrome du Blanc est équipé de deux pistes parallèles en configuration 04/22 :

  • une piste revêtue, de dimensions 800 mètres x 20 mètres, et de 800 mètres de distance utilisable à l’atterrissage ;
  • une piste non revêtue, de dimensions 1 050 mètres x 80 mètres, et de 940 mètres de distance utilisable à l’atterrissage.

Les consignes particulières figurant sur la carte d’aérodrome (VAC) précisent que la piste non revêtue est réservée aux planeurs et aux avions de servitude et qu‘elle est sensible aux intempéries et aux précipitations de l’automne et du printemps.

2.2 Renseignements sur les conditions météorologiques

Il n’existe pas d’installation d’observation météorologique sur l’aérodrome du Blanc. Les données météorologiques proviennent de l’aérodrome de Châteauroux?Centre (36), situé à 30 NM au nord-est de l’aérodrome du Blanc.

Les observations réalisées la veille et pendant la nuit précédant l’accident indiquaient la présence de pluies faibles à modérées à intervalles réguliers.

Le message de prévision de 13 h 00 (valide entre 14 h 00 et 20 h 00) ainsi que le message automatique d’observations de 16 h 00, indiquaient des passages temporaires d’averses de pluie avec la présence de cumulonimbus.

2.3 Renseignements sur le pilote et l’instructeur

L’élève-pilote, âgé de 19 ans, totalisait 52 heures de vol, dont 40 sur type. Il avait effectué quatre heures de vol au cours du dernier mois, après une interruption d’environ un an. Il avait effectué huit vols en solo, pour une durée totale de deux heures, et devait être lâché en navigation solo à l’issue de ce vol de contrôle.

L’instructeur, âgé de 25 ans, est titulaire d’une licence de pilote professionnel CPL/A. Il détient les qualifications de classe d’avion monomoteur et multimoteur à pistons ainsi que la qualification de vol aux instruments. Il détient également la qualification d’instructeur pour le PPL depuis septembre 2015.
Il totalisait 620 heures de vol, dont 140 sur type. Il avait effectué 40 heures de vol au cours du dernier mois, dont 20 sur type.

2.4 Témoignage du pilote

Le pilote indique avoir effectué, avant le vol et en compagnie de son instructeur, une analyse détaillée des conditions météorologiques, et notamment du vent,qu’il estimait proche des limites de l’avion.

Il précise qu’à la verticale de l’aérodrome du Blanc, son instructeur a débuté un exercice de simulation de panne du moteur suivie d’une prise de terrain par encadrement. Le pilote indique que le vent était plein travers. Il a alors choisi d’utiliser la piste en herbe car plus longue et plus large que la piste revêtue (voir le paragraphe 2.1).

En finale, le pilote a estimé que l’état de la piste non revêtue permettait l’atterrissage. Il indique avoir touché la piste plus durement que d’habitude. Il a alors senti la roulette de nez de l’avion s’enfoncer dans le sol et l’avion a basculé sur le dos par l’avant.

Le pilote précise que, bien que la piste en herbe fût réservée aux planeurs et aux avions de servitude, aucun NOTAM ni signalisation au sol n’interdisait son utilisation. Il estime que la piste aurait été fermée si une inspection avait été effectuée pour en vérifier son état.

2.5 Témoignage de l’instructeur

L’instructeur indique que l’élève est arrivé à 14 heures et qu’ils ont alors effectué un briefing du vol. Ce briefing a consisté en une actualisation du dossier de vol (30 minutes), une présentation du vol par l’élève (20 minutes) et un briefing complémentaire au sujet du calcul de l’emport carburant et l’utilisation des moyens de radionavigation (15 minutes).

L’instructeur explique avoir décidé de faire réaliser à son élève un exercice d’encadrement à l’arrivée sur l’aérodrome du Blanc. Il confirme qu’en raison du vent de travers, l’élève avait choisi de réaliser l’exercice sur la piste non revêtue.

Il déclare que lors de la remise des gaz, l’élève a été perturbé par le vent de travers et a repoussé le manche en avant afin de plaquer l’avion au sol(1). Le train d’atterrissage s’est alors enfoncé dans le sol meuble de la piste.

L’instructeur ajoute qu’il n’avait pas formé l’élève et qu’il le connaissait peu. Selon lui, la survenue de l’accident serait liée à une diminution de son attention, liée à la combinaison des facteurs suivants :

  • une confiance excessive accordée à un élève en fin de formation ;
  • une distraction liée à un événement personnel le jour de l’accident.

L’instructeur indique qu’il connaît bien l’aérodrome du Blanc, car il y a effectué au moins une dizaine de vols dans le cadre de l’instruction. Il précise cependant n’avoir jamais utilisé la piste en herbe, mais uniquement la piste revêtue.

Il avait étudié les cartes VAC des aérodromes à proximité de Châteauroux dans le cadre de ses vols d’instruction. Il précise qu’il ne se souvenait pas des conditions particulières de l’aérodrome du Blanc au moment de l’événement.

3 - CONCLUSION

L’accident est la conséquence de l’absence de prise en compte des consignes particulières de l’aérodrome de destination qui a conduit l’équipage à atterrir sur une piste inadaptée au regard des conditions météorologiques de la veille et du jour de l’événement.

(1)Le pilote a précisé que sa première intention n’était pas de plaquer l’avion au sol, mais de rendre la main afin d’éviter que l’avion ne décroche.