Accident du PZL Bielsko SZD55 immatriculé F-CGVP survenu le 15/07/21 à Lille - Marcq-en-Barœul (59)
Conflit sur la piste entre deux planeurs à l'atterrissage, manoeuvre d'évitement puis cheval de bois d'un des planeurs
Rapport d'Enquête cat.3 : rapport sur un événement aux conséquences limités, élaboré à partir d'un ou de plusieurs témoignages n'ayant pas fait l'objet d'une validation indépendante par le BEA.
Note : Les informations suivantes sont principalement issues du témoignage de la pilote. Ces informations n'ont pas fait l'objet d'une validation indépendante par le BEA.
1 - DÉROULEMENT DU VOL
La pilote du planeur immatriculé F-CGVP et le pilote du planeur F-CGKS décollent en début d’après-midi, avec d’autres pilotes de planeur, en vue de la réalisation d’une épreuve du championnat de France de vol en planeur. Le vent est de secteur nord pour environ 30 km/h et l’altitude du plafond nuageux (sept octas) est d’environ 600 m. Le départ de l’épreuve est repoussé à plusieurs reprises puis le directeur de la compétition annule l’épreuve, en raison des conditions météorologiques. Certains pilotes de planeur décident d’atterrir, d’autres de prolonger leur vol, c’est le cas des pilotes des planeurs F-CGVP et F-CGKS.
Vers 16 h 00, le ciel se couvrant totalement, les pilotes ne trouvent plus d’ascendances et rentrent sur l’aérodrome pour atterrir. La pilote du planeur F-CGVP se présente en vent-arrière rapprochée main droite pour atterrir sur la piste 35 planeur. Elle aperçoit le planeur F-CGKS à sa gauche, également en vent-arrière, et demande au pilote à la radio : « je suis à ta droite, peux-tu accélérer ? ». Elle n’obtient pas de réponse. En étape de base, le pilote du F-CGKS aperçoit le planeur F-CGVP à sa droite et demande à la pilote à la radio : « est-ce que tu as visuel sur moi ? ». Il n’obtient pas de réponse.
Le pilote du planeur F-CGKS décide d’atterrir long, sur la piste 35 planeur, afin de permettre à d’autres pilotes de planeur d’atterrir derrière lui. Il choisit la partie gauche de la piste pour s’espacer du planeur ayant atterri avant lui sur la partie droite de la piste. La pilote du planeur F-CGVP décide également d’atterrir long sur cette même piste. Le planeur F-CGVP est à droite du planeur F-CGKS et à une centaine de mètres derrière.
Au roulement après l’atterrissage, le pilote du planeur F-CGKS vire à droite pour s’arrêter sur le taxiway accolé à la piste, comme le pilote du planeur ayant atterri juste avant lui. Au cours du virage à droite, la trajectoire du planeur F-CGKS coupe celle du F-CGVP peu avant le toucher du train principal de ce dernier. La pilote du F-CGVP effectue une manœuvre d’évitement à gauche, l’aile puis la queue heurtent le sol. Le planeur termine sa trajectoire sur la piste, à contre QFU. La partie arrière du fuselage présente des fissures importantes.
2 - RENSEIGNEMENTS COMPLÉMENTAIRES
2.1 Renseignements sur l’aérodrome
L’aérodrome de Lille - Marcq-en-Barœul dispose de quatre pistes : deux pistes 07/25 accolées, l’une pour les avions et l’autre pour les planeurs, et deux pistes 17/35 accolées, l’une pour les avions et l’autre pour les planeurs. Les pistes 17/35 ont pour dimensions : 850 m de long et 50 m de large pour la piste avion, et 850 m de long et 80 m de large pour la piste planeur. Un taxiway est accolé aux pistes, à l’est (à droite de la piste 35 planeur, voir illustration).
2.2 Expérience et témoignage des pilotes
Le pilote du planeur F-CGKS, âgé de 21 ans, est titulaire d’une licence de pilote de planeur. Il totalise environ 1 000 heures de vol. Il détient également un brevet de pilote d’ULM et totalise 30 heures de vol. Il est remorqueur de planeur.
La pilote du planeur F-CGVP, âgée de 40 ans, est titulaire d’une licence de pilote de planeur. Elle totalise environ 3 500 heures de vol. Elle détient la qualification d’instructeur planeur FI(S).
Les pilotes indiquent que la phase d’atterrissage n’a pas été évoquée aux briefings quotidiens. La règle communément appliquée pour les atterrissages à plusieurs est de se poser long, un peu à droite ou à gauche, et de ne pas dégager sauf si la trajectoire est proche des abords de la piste. La pilote du F-CGVP indique qu’au moment de l’accident, il n’y avait pas de trafic avion et que la piste avion était libre. Du fait de nombreux planeurs dans le circuit, elle n’a pas pris suffisamment de marge vis-à-vis du F-CGKS, ce qui lui aurait permis de mieux gérer un imprévu. Enfin, elle explique qu’ils n’ont peut-être pas insisté à la radio sur leurs intentions et ajoute qu’une aide au sol à la radio aurait pu permettre de guider les atterrissages.