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Accident du Robin DR380 immatriculé HB-EUN le 26/05/2015 à Remoray-Boujeons (25)

Collision avec le relief par conditions météorologiques défavorables au vol VFR

Autorité en charge

France - BEA

Progression de l'enquête Cloturée
Progress: 100%

1 - DÉROULEMENT DU VOL

Le pilote décolle à 13 h 38(1) de l’aérodrome de Lausanne-la-Blécherette (Suisse) accompagné d’un passager à destination de l’aérodrome de Dole Tavaux (39) situé à 57 NM. Arrivé à proximité de Mouthe (39), à 4 700 ft d’altitude, il effectue un premier demi-tour par la droite au cours duquel il descend de 900 ft, puis immédiatement après un second par la gauche, en légère descente. L’avion entre en collision avec le relief quelques secondes plus tard, à une altitude de 3 600 ft.

2 - RENSEIGNEMENTS COMPLÉMENTAIRES

2.1 Examen de l’épave

L’examen de l’épave n’a mis en évidence aucun dysfonctionnement préalable à l’impact :

  • l’avion était entier lors du premier contact avec les arbres ;
  • l’avion avait une faible assiette à piquer lors de la collision avec la végétation ;
  • les commandes de vol étaient continues ;
  • les quatre réservoirs contenaient tous du carburant ;

le moteur fournissait de la puissance lors de l’impact.

Ces observations sont cohérentes avec une collision avec le relief sans perte de contrôle.

L’endommagement du récepteur GPS Garmin 100(2) qui équipait l’avion n’a pas permis d’en extraire des données de vol. Il n’a pas été possible de déterminer si des instruments de radionavigation étaient utilisés.

2.2 Conditions météorologiques

Les services de Météo France indiquent la présence d’une forte couverture nuageuse en cumulus et stratocumulus sur tout le trajet entre Lausanne et Dole. Ils estiment que le lieu de l’accident, de même que certains sommets du massif jurassien, était situé à l’intérieur de cette couche nuageuse. Des témoins confirment la présence de brouillard dans l’après-midi.

Le METAR de Payerne, à 40 km au nord-est de Lausanne, indiquait à 11 h 50 UTC la présence d’averses, de quelques nuages à 1 600 ft, de nuages épars à 3 600 ft et de nuages fragmentés à 5 800 ft.

Le METAR de Dole de 11 h 30 UTC indiquait un ciel couvert à 3 700 ft.

La carte TEMSI de 12 h 00 UTC faisait état de cumulus et stratocumulus épars à fragmentés à partir de 3 000 ft.

Entre Lausanne et Dole, plusieurs sommets culminent à plus de 4 000 ft.

2.3 Renseignements sur le pilote

Le pilote détenait une licence de pilote privé en cours de validité depuis 1993. Il totalisait plus de 1 550 heures de vol, dont 11 dans les trois derniers mois. L’autopsie pratiquée sur le corps du pilote n’a pas mis en évidence d’élément susceptible d’avoir contribué à l’accident.

Aucun document relatif à la préparation du vol (prévisions météorologiques, log de navigation) n’a été retrouvé à bord de l’avion. Le pilote disposait uniquement d’une carte aéronautique sur laquelle était tracée une ligne droite entre Lausanne et Dole. Des tickets pour un spectacle à Paris le soir même ont été retrouvés à bord de l’avion laissant supposer que le pilote avait prévu de s’y rendre.

2.4 Questions relatives à la survie des occupants

La balise de détresse s’est déclenchée à l’impact, mais son signal n’a pas été capté par les secours. L’épave a été retrouvée environ trois heures après l’accident, vers 17 heures. La violence de l’impact n’a cependant laissé aucune possibilité de survie aux occupants.

3 - ENSEIGNEMENTS ET CONCLUSION

Les conditions météorologiques prévues et observées montrent qu’il était probablement difficile voire impossible de franchir les montagnes du Jura en conditions météorologiques de vol à vue (VMC). En approchant de ces montagnes, le pilote a probablement perdu les références visuelles extérieures avant d’entrer en collision avec le relief.

La décision d’entreprendre ou de poursuivre le vol alors que les conditions météorologiques ne permettaient pas de franchir les montagnes du Jura résulte probablement des facteurs suivants :

  • une préparation du vol insuffisante, ne permettant pas au pilote d’adapter son vol aux conditions météorologiques rencontrées et au relief survolé ;
  • une forte volonté de se rendre à la destination prévue.

Le BEA a publié sur son site internet de nombreux rapports sur ce type d’accident, et une étude de sécurité « Objectif : destination 1991 - 1996 »(3). Le Recueil d’Evénements Confidentiel (REC Info) n°1/2009(4) offre également des comptes rendus de pilotes sur ce thème.

(1)Le plan de vol déposé par le pilote prévoyait un départ à 13 h 15 et une route Lausanne - Mouthe - Dole.

(2)Ce type de GPS ne permet pas l’affichage de carte.

(3)www. bea.aero/uploads/ tx_scalaetudessecurite/ objectifdestination_01.pdf

(4)www.bea. aero/fileadmin/ documents/ recinfo/pdf/ recinfo.2009.01.pdf