Accident du Robin DR400-160 immatriculé F-BVMH survenu le 22/05/2019 à Montauban (82)
Arrêt du moteur lors du décollage, panne de carburant
Note : Les informations suivantes sont principalement issues du témoignage du pilote. Ces informations n'ont pas fait l'objet d'une validation indépendante par le BEA.
1 - Déroulement du vol
La veille de l’accident, le pilote avait ajouté 55 litres de carburant dans le réservoir principal qui en contient 110, pensant en faire le plein. Il avait vérifié que les réservoirs d’aile étaient également remplis (2 x 40 l) et pensait disposer du plein complet de l’avion pour entreprendre un vol au départ de l’aérodrome de Béziers (34) à destination de celui de Montauban. Les conditions météorologiques l’ont contraint à faire demi-tour. Ce vol a duré environ une heure pendant laquelle le pilote estime avoir consommé 35 l[1].
Le jour de l’accident, le pilote estime qu’il a suffisamment de carburant, compte tenu du vol effectué la veille, pour effectuer le vol entre Béziers et Montauban et retour. Il doit ramener le pilote d’un second avion du club qui devait y subir une opération de maintenance. Ce vol dure de nouveau environ une heure.
Lors du vol retour, le pilote indique qu’il effectue les contrôles moteur au point d’arrêt A, avant de remonter la piste et de s’aligner en piste 13. Il vérifie le sélecteur carburant sur le réservoir principal et lit une quantité d’un demi réservoir disponible sur le réservoir central.
Le pilote perçoit des ratés moteur une dizaine de seconde après le décollage. Assisté par son passager, il vérifie le fonctionnement de la pompe électrique à carburant, de la pression essence sur les deux indicateurs (manomètre pression et voyant lumineux) et ne détecte aucune anomalie apparente. Il ajoute qu’il ne pense pas à une panne de carburant car il sait qu’il a vérifié la jauge lors de la check-list avant décollage.
Le pilote précise que le moteur cesse de fonctionner à environ 200 ft de hauteur. Il cherche l’endroit le plus approprié pour atterrir, compte tenu de sa faible hauteur. Il détecte une haie assez haute sur sa trajectoire et effectue un virage à gauche pour l’éviter. Il sort les volets en position atterrissage. Juste avant l’impact, sans réelle coordination, fort de son expérience de pilote professionnel, le passager positionne le sélecteur carburant sur fermé, coupe l’alimentation électrique et actionne la commande de richesse sur étouffoir.
Après le contact avec le sol, les passagers évacuent l‘avion car une forte odeur d’essence apparaît.
2 - Renseignements complémentaires
2.1 Renseignement sur le site et l’épave
L’avion a percuté le sol avec une assiette à piquer, à environ 60 m de l’extrémité sud est de la piste en dur. Il était orienté nord-nord-est.
L’examen visuel de l’ensemble motopropulseur atteste qu’il ne délivrait pas de puissance à l’impact.
L’essence coulait abondamment de chacun des réservoirs d’aile lorsque les bouchons ont été ouverts. Le réservoir central ne contenait que deux litres de carburant([2]).
Un contrôle de la jauge du réservoir central, effectué par le club, a révélé qu’elle était défectueuse.
2.2 Expérience du pilote
Le pilote, titulaire d'une licence PPL-A et d'une qualification SEP terrestre, totalisait environ 500 heures de vol depuis 1995, dont environ 350 sur le type et 6 dans les trois mois en tant que commandant de bord.
2.3 Témoignage du pilote
Lorsqu’il a procédé à l’avitaillement, le pilote explique qu’il n’a pas fait le calcul de la quantité de carburant à ajouter, compte tenu des vols enregistrés précédemment, pour la comparer à celle effectivement ajoutée. Il a constaté que du carburant s’écoulait par la mise à l’air libre située sur le conduit de remplissage et en a déduit que le réservoir était plein.
3 - Conclusions
Les conclusions sont uniquement établies à partir des informations dont le BEA a eu connaissance au cours de l’enquête. Elles ne visent nullement à la détermination de fautes ou de responsabilités.
Scénario
Le moteur s’est arrêté juste après le décollage en raison de l’asséchement du réservoir principal.
Le pilote s’est forgé une représentation erronée de la quantité de carburant restante dans le réservoir principal, compte tenu des informations à sa disposition.
La faible hauteur à laquelle est survenue cette panne ne lui a permis ni de redémarrer le moteur ni de choisir un site d’atterrissage forcé.
Facteurs contributifs
Ont pu contribuer à la panne de carburant :
- Le défaut du jaugeur carburant du réservoir central qui a conduit à indiquer une quantité erronée et n’a pas déclenché l’alarme bas niveau ;
- Une surconsommation ou une sous-estimation du temps de vol possible pendant les deux vols précédents ;
- La difficulté de contrôler visuellement la quantité totale de carburant disponible dans le réservoir central qui a pu conduire à un remplissage incomplet de ce dernier.