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Accident du Schempp Hirth Cirrus immatriculé PH-1440 survenu le 07/07/2019 à Saint Aubin (36)

Atterrissage en campagne, cheval de bois, rupture de la poutre de queue, lors d’un vol de compétition

Autorité en charge

France - BEA

Progression de l'enquête Cloturée
Progress: 100%

Note : Les informations suivantes sont principalement issues du témoignage du pilote. Ces informations n'ont pas fait l'objet d'une validation indépendante par le BEA.

1 - Déroulement du vol

Le pilote participe à une compétition internationale de vol à voile organisée sur l’aérodrome d’Issoudun Le Fay (36)[1]. Après deux vols de compétition le jeudi et le vendredi, le pilote décolle à 12 h 40 pour l’épreuve du dimanche. Les conditions météorologiques sont favorables et le pilote réalise le circuit prévu.

Après plus de quatre heures et demie de vol, de retour à proximité de l’aérodrome, le pilote cherche la piste pour y atterrir. Il passe au-dessus du dernier point prévu du vol, à une hauteur qu’il pense être de 180 m par rapport à l’aérodrome. Lorsqu’il aperçoit enfin l’aérodrome, il réalise qu’il n’est qu’à 60 m de hauteur et non pas 160 m comme il le croyait. Il ne peut plus rejoindre l’aérodrome et prend la décision d’atterrir dans un champ.

Tous les champs environnants comportent des cultures hautes ; le pilote en choisit un pour y atterrir. Il essaye de sortir le train d’atterrissage mais éprouve des difficultés à maintenir le contrôle du planeur avec la main gauche. Il réussit à déverrouiller le train d’atterrissage alors que le planeur arrive au sol mais n’a pas le temps de le sortir entièrement avant le contact avec le sol. Lors du roulement, l’aile gauche est freinée par les cultures, le planeur pivote de 90° vers la gauche et s’immobilise 20 m plus loin. Le pilote évacue le planeur indemne.

2 - Renseignements complémentaires

2.1 Procédure d’arrivéetypo3/#_msocom_1

Le règlement de la compétition prévoyait une procédure avec un cercle d’arrivée d’un diamètre de 3 km et d’une hauteur de 100 m. Le vol est considéré comme terminé lorsque le planeur franchit ce cercle à une hauteur supérieure ou égale à 100 m, sous peine de pénalités.

2.2  Renseignements sur le pilote

Le pilote, de nationalité néerlandaise, était titulaire d’une licence de pilote de planeur délivrée par les Pays-Bas depuis 2013. Il avait participé à de nombreuses compétitions auparavant et il totalisait 350 heures de vol, dont environ 30 sur type. Il indique qu’il n’avait pas ressenti de difficulté particulière à sortir le train d’atterrissage lors de ses vols précédents en Cirrus.

Le pilote explique que lors du vol précédent le vendredi, son système de navigation GNSS LX8080 était mal paramétré : son point d’arrivée était positionné au-dessus de l’aérodrome au lieu d’être au niveau du cercle d’arrivée. Il a donc paramétré le dernier point de son vol du dimanche à 100 m de hauteur en bordure du cercle. Il ajoutait ainsi 100 m à la valeur affichée sur son GPS pour déterminer sa hauteur par rapport à l’aérodrome. Il pense a posteriori qu’il n’a pas sauvegardé correctement son paramétrage et que le dernier point était enregistré au niveau du sol au lieu de 100 m de hauteur. Il avait ainsi une erreur de hauteur de 100 m.

Le pilote ajoute que le vol s’étant en grande partie déroulé à plus de 2 000 m d’altitude, il a estimé que sa perception de la hauteur était faussée en arrivant plus près du sol, et qu’il a préféré se fier aux indications de son GPS. Ce n’est qu’en acquérant le visuel sur l’aérodrome qu’il a réalisé que l’indication de son GPS était erronée et qu’il était trop bas. Il précise que son altimètre était correctement réglé mais qu’il regardait l’altitude sur son GPS uniquement.

Plusieurs pilotes avaient indiqué au pilote que l’aérodrome était difficile à voir en arrivant du secteur où il évoluait.

3 - Enseignements et conclusion

Un cercle d’arrivée à 3 km avec une hauteur minimale de 100 m ne fournit qu’une faible marge de sécurité pour un planeur tel que le Cirrus. En compétition, chaque pilote doit prendre des marges adaptées en fonction de ses compétences et des caractéristiques de son planeur afin de pouvoir effectuer une approche en toute sécurité. La marge de sécurité dont disposait le pilote (80 m en plus de la hauteur minimale de 100 m) n’a pas permis de compenser l’erreur de paramétrage de son GPS.

 


[1] Altitude 162 m