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Accident d'un Cessna 182-R immatriculé PH-RPH survenu le 25/09/2015 à Saint-Romain-la-Motte (42)

Panne d'essence, atterrissage dur en campagne, lors d'un vol de largage de parachutistes

Autorité en charge

France - BEA

Progression de l'enquête Cloturée
Progress: 100%

1 - DÉROULEMENT DU VOL

Après un vol de mise en place depuis l’aérodrome de Saint-Yan (71), le pilote effectue des largages de parachutistes au départ de l’aérodrome de Roanne Renaison (42). Lors du troisième vol, alors que l’avion est à une hauteur de 1 900 ft en descente, le pilote constate l’arrêt du moteur. Il tente de remettre le moteur en route sans succès. Il annonce sa situation sur la fréquence de l’aérodrome, alors en auto?information, et son intention de se présenter pour une longue finale en piste 20. Constatant qu’il ne rejoindra pas la piste, il décide d’atterrir en campagne.

Lors de l’approche, à la vitesse indiquée de 70 kt, le pilote sort les volets en configuration 10°. Il indique qu’en courte finale, à une vitesse de 55 kt, il tire sur la commande de profondeur pour éviter des arbres de plusieurs mètres de hauteur et entend alors l’alarme de décrochage. L’avion atterrit durement, rebondit sur une distance de 17 mètres puis s’immobilise après 150 mètres de roulement, à 880 mètres du seuil de piste.

2 - RENSEIGNEMENTS COMPLÉMENTAIRES
2.1 Examen de l’épave

Les deux jauges de carburant étaient à zéro. Le réservoir droit était vide et le gauche contenait 3 litres de carburant. Aucune odeur ou trace d’essence n’a été remarquée.

2.2 Conditions météorologiques

Les conditions météorologiques estimées sur le site étaient les suivantes :

 

  • un vent du 360° pour 6 kt avec des rafales à 13 kt ;
  • peu de nuages à 2 000 ft ;
  • une température de 17 °C ;
  • un QNH de 1022 hPa.

2.3 Renseignements sur le pilote

Le pilote était titulaire d’une licence CPL(A), associée à des qualifications SEP et MEP. Il totalisait 415 heures de vol dont 17 sur type, 64 dans les trois mois précédents dont 17 sur type et 1 h 30 sur type dans les dernières 24 heures.

La société qui employait le pilote a fourni deux déclarations de niveau de compétences (DNC) en date du 3 et 11 septembre 2015. Elles ont été déclarées invalides par la DSAC CE au regard de plusieurs critères notamment de formation. Celle-ci n’avait pas été réalisée par un FI/CRI mais par le gérant de la société qui n’est pas pilote. C’était la première fois que le pilote effectuait du largage de parachutistes sur ce type d’avion.

2.4 Témoignage du pilote

Le pilote indique qu’il y avait 90 litres de carburant dans les réservoirs lors du départ de l’aérodrome de Saint-Yan. Il précise qu’à l’arrivée sur l’aérodrome de Roanne Renaison, après 15 minutes de vol, il a fait un complément de plein de 20 litres(1) avant de débuter l’activité de largage.

Le pilote estime le temps de chaque rotation à environ 30 minutes, dont 20 minutes de montée pour atteindre le FL105, et la consommation à 60 l/h dans cette activité. Il pensait qu’il avait assez de carburant pour terminer la troisième rotation.

2.5 Renseignements sur l’aéronef

Les réservoirs d’aile contiennent chacun 174 litres. La quantité inutilisable est de 15 litres. L’avion ne possède pas d’alarme « bas niveau de carburant ».

Le manuel de vol indique que, pour une montée normale au niveau 100, la consommation est de 23,1 litres et que pour les opérations de mise en route, de roulage et d’alignement, le forfait de consommation à prendre en compte est de 6,4 litres.

Le manuel d’activités particulières (MAP) déposé par la société, fait mention d’une consommation de 50 à 70 l/h selon que l’avion est « léger » ou « lourd ». Le jour de l’accident, quatre parachutistes avaient embarqué à chaque rotation, ce qui correspond à un avion lourd.

Communément, les pilotes largueurs sur ce type d’aéronef comptent forfaitairement une consommation de 1 l/min, soit une consommation de 30 litres par rotation de 30 minutes.

3 - ENSEIGNEMENTS ET CONCLUSION

Sur la base des informations recueillies, en tenant compte de la réserve règlementaire(2), des recommandations de l’exploitant et de la quantité de carburant inutilisable, environ 140 litres était nécessaires pour réaliser l’activité de largage prévue.

L’accident est la conséquence d’une préparation incomplète du vol et d’une gestion insuffisante du carburant ayant entraîné l’assèchement des réservoirs et l’arrêt du moteur. La détection tardive d’obstacles sur la trajectoire de plané en courte finale a nécessité de la part du pilote d’effectuer une manoeuvre d’évitement en limite du décrochage entraînant un atterrissage dur.

La panne d’essence est due à la conjonction :

 

  • d’une consommation horaire de carburant sous-estimée par le pilote ;
  • d’un devis de carburant au début de l’activité ne prenant en compte ni la réserve réglementaire ni la quantité de carburant inutilisable.

L’absence de témoin de bas niveau de carburant a pu contribuer à l’accident.

Depuis 2005, le BEA a ouvert des enquêtes sur quatre autres cas de panne d’essence en opération de largage de parachutistes. Les rapports relatifs à trois de ces accidents sont disponibles sur le site internet du BEA.

  • BEA f-aa141019(3)
  • BEA f-ce100710(4)
  • BEA f-vx051008(5)

 

(1)Ce qui correspond à la consommation estimée sur ce vol de mise en place.
(2)20 minutes de vol.
(3)F-GDAA
(4)F-GCCE
(5)F-GCVX