Accident survenu au Cessna 206 immatriculé F-HUXY le 19/11/23 à Courbessac (30)

Note : Les informations suivantes sont principalement issues du témoignage du pilote. Ces informations n'ont pas fait l'objet d'une validation indépendante par le BEA.

1 Déroulement du vol

Le vol s’inscrit dans une campagne de largage de parachutistes de deux jours, entre le 9 et le 10 novembre 2023. Le jour de l’événement, douze vols réalisés par deux pilotes sont prévus. Le matin de l’accident, le pilote fait trois vols dont le premier à 8 h 30.

Vers 13 h 50, le pilote décolle pour son deuxième vol de l’après-midi depuis la piste 18L[1]. Quelques minutes plus tard, passant le FL 080 en montée, le pilote constate que l’indication de température des cylindres (CHT[2]) atteint 600 °F[3]. Inquiet par cette valeur élevée, le pilote ordonne le largage des parachutistes une fois le FL 095 atteint, puis accorde une attention particulière aux paramètres moteur.

Lors de la descente, la température des cylindres diminue légèrement. Le pilote, craignant tout de même une panne, reste proche de l’aérodrome et continue de surveiller les paramètres moteur. Il intègre le circuit d’aérodrome en vent arrière éloignée main gauche puis sort les volets 35° en finale à une vitesse de 100 mph[4].

Lors de l’arrondi, l’avion plane « plus que d’habitude ». Le pilote freine une première fois mais l’avion dérape. Il relâche les freins et amorce un second freinage, l’avion dérape de nouveau et ne ralentit pas. Craignant d’entrer en collision avec un fossé situé en bout de piste, le pilote maintient le freinage puis actionne le palonnier droit pour sortir par un taxiway situé en bout de piste. Le saumon de l'aile gauche entre en collision avec le sol suivi de l’avant de l'avion. Le Cessna bascule et s’immobilise sur le dos. Le pilote entend une personne mentionner l’accident à la radio. Il coupe l’arrivée d’essence, les magnétos et la batterie puis évacue l’avion.

2 Renseignements complémentaires

2.1 Renseignements sur le pilote

Le pilote, âgé de 29 ans, est titulaire d’une licence ATPL(A) et totalisait 164 heures de vol, toutes dans les trois derniers mois, et 59 h dans les trente jours précédant l’accident. Le pilote vole dans une compagnie aérienne sur Beech 1900 et réalise ponctuellement des vols de largage parachutistes en complément de cette activité. Le pilote avait été lâché un mois avant l’accident sur Cessna 206 et totalisait 17 heures 30 de vol sur type. 

2.2 Renseignements météorologiques

Le METAR de l’aérodrome de Nîmes-Garons (30) situé à 11 km de Nîmes-Courbessac indiquait un vent moyen de 3 kt principalement du 280° et de direction variable entre 240° et 310°. Les conditions de plafond et de visibilité étaient CAVOK.

2.3 Renseignement sur l’avion

2.3.1 Le Cessna 206

Le Cessna 206 a une masse maximale au décollage et à l’atterrissage de 1 630 kg et est équipé d’un moteur six cylindres Continental développant une puissance maximale de 300 BHP[5]. La distance d’atterrissage du Cessna 206[6], sur une piste en herbe en considérant les caractéristiques de l’aérodrome de Nîmes-Courbessac, est d’environ 520 m. La distance de roulage à l’atterrissage est de 320 m.

Le cockpit du Cessna 206 regroupe plusieurs instruments permettant de surveiller différents paramètres du groupe motopropulseur, notamment la température des cylindres. Lorsque le moteur fonctionne normalement, la CHT doit être comprise entre 200 °F et 480 °F[7].

Le manuel de vol du Cessna 206 indique que l’indicateur de CHT doit être fonctionnel pour pouvoir exploiter cet avion en VFR ou en IFR.

2.3.2 Cas particulier du F-HUXY

Le pilote indique que la température des cylindres indiquée par les instruments du F-HUXY était naturellement haute et régulièrement au-dessus du maximum de 480 °F mentionné dans le manuel de vol. Cette défaillance avait été relevée par le pilote de l’accident lors de ses premiers vols sur le F-HUXY. Le pilote avait ensuite été informé que le capteur renvoyait des valeurs erronées.

Le capteur de température des cylindres n’avait pas été remplacé avant le vol de l’accident. Le pilote ajoute qu’il n’avait jamais observé la valeur de CHT du F-HUXY atteindre 600 °F avant le vol de l’accident.