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Accident survenu au Cessna F172 immatriculé F-HAOS le 11/04/24 à La Ferté Gaucher (77)

Atterrissage sur une piste détrempée, enfoncement de l’aéronef, heurt de l’aile et de l’hélice avec le sol

Autorité en charge

France - BEA

Progression de l'enquête Cloturée
Progress: 100%

Note : Les informations suivantes sont principalement issues du témoignage du pilote. Ces informations n’ont pas fait l’objet d’une validation indépendante par le BEA.

1 Déroulement du vol

Le pilote effectue une navigation triangulaire[1] au départ de l’aérodrome de Meaux-Esbly[2] (77). Après avoir effectué deux posés-décollés sur la piste en dur de l’aérodrome de Fontenay-Trésigny (77), il se dirige vers l’aérodrome de La Ferté-Gaucher sur lequel ne règne aucune activité. Après avoir effectué une reconnaissance à la verticale, il s’intègre dans le circuit en vue d’effectuer un posé-décollé en piste 22[3] préférentielle. Après le toucher des roues et alors que le pilote vient de couper la réchauffe carburateur et de remettre les volets en position décollage, le train avant s’enfonce rapidement dans le sol détrempé. Sous l’effet de la décélération brusque, l’avion se met en pylône pendant quelques secondes puis retombe sur son train principal. Le pilote évacue l’avion et constate que le train avant de l’aéronef a creusé un sillon dans le sol sur une vingtaine de mètres.

Figure 1 : photo prise juste après l’accident (Source : pilote)

2 Renseignements complémentaires

2.1 Renseignements sur le pilote

Le pilote, âgé de 41 ans, a obtenu la licence PPL(A) en 2014. Son expérience totale était de 175 heures de vol, dont 82 h en tant que commandant de bord. Son expérience sur avion à train tricycle était de 150 h. Il était membre de l’aéroclub depuis 2018.

Son dernier vol solo remontait à fin juin 2023. Il avait ensuite cessé son activité aéronautique pour des raisons personnelles. La veille de l’accident, il avait effectué un vol d’instruction en double commande avec le responsable pédagogique de l’aéroclub. Ce vol d’une durée d’une heure avait été réalisé à bord du F-HAOS. Au cours de ce vol, le pilote avait réalisé deux posés-décollés sur la piste revêtue de l’aérodrome de Coulommiers (77).

Le pilote ne connaissait pas l’aérodrome de La Ferté-Gaucher et n’y avait jamais atterri. Il l’avait juste survolé un an auparavant, lors d’un vol d’instruction en double commande.

2.2 Renseignements sur l’aérodrome

La carte VAC de l’aérodrome de La Ferté-Gaucher indique qu’il est à usage restreint. L’accès d’aéronefs non basés n’y est possible qu’après obtention par le pilote d’une autorisation ponctuelle délivrée par l’exploitant d’aérodrome. Les coordonnées de l’exploitant sont indiquées sur la carte VAC.

Aucun NOTAM relatif à des restrictions d’utilisation liées à l’état de la piste n’était en vigueur au moment l’accident. Le pilote déclare avoir pris connaissance des NOTAM, mais n’avoir pas vu sur la VAC lors de la préparation du vol que l’accès à l’aérodrome était soumis à l’obtention d’une autorisation.

D’après lui, l’aire à signaux ne faisait état d’aucune interdiction d’atterrir ni de précautions particulières à suivre lors de l’atterrissage[4].

La carte d’aérodrome établie par la FFPLUM[5] indique pour sa part que l’état de la plate-forme peut s’avérer médiocre après de fortes pluies. Elle indique également les coordonnées de l’exploitant.

2.3 Renseignements relatifs au formulaire d’autorisation

Le formulaire de demande d’autorisation établi par l’exploitant comporte un paragraphe relatif aux précautions particulières à respecter en cas d’accès à l’aérodrome. En particulier, il indique qu’après de fortes pluies la piste peut s’avérer très boueuse, voire impraticable.

2.4 ​​​​​​​Renseignements météorologiques

L’aérodrome de La Ferté-Gaucher n’est pas équipé d’une station météorologique. Une station Météo-France est néanmoins implantée à Chevru (77), situé à 4 NM au sud-ouest de l’aérodrome. La quantité de précipitations enregistrées par cette station[6] est la suivante :

  • 18,2 mm[7] pour la période allant du 1er au 5 avril ; 
  • 14 mm pour la période allant du 6 au 10 avril.

3 ENSEIGNEMENT DE SÉCURITÉ

Lors de sa préparation du vol, le pilote n’a pas vu les conditions d’accès sur l’aérodrome de La Ferté-Gaucher figurant sur la carte VAC. Ainsi il n’a pas préalablement contacté l’exploitant de l’aérodrome pour lui faire part de son intention de s’y rendre. Cette absence de contact préalable avec l’exploitant n’a pas permis au pilote d’être informé :

  • des particularités susceptibles d’affecter l’aérodrome après des périodes d’intempéries ;
  • de l’état réel de la piste le jour de sa venue.

Le fait qu’une piste en herbe puisse être impropre au roulement des aéronefs n’est pas obligatoirement décelable lors de la reconnaissance à la verticale, en particulier lorsque le sol est proche de la saturation en eau, mais ne l’a pas encore atteinte.

Lorsqu’un gestionnaire a connaissance qu’une piste est impraticable, l’émission d’un NOTAM[8] spécifique permet une diffusion adéquate de l’information auprès des usagers.

Mai 2024


[1] Distance totale de 49 NM.

[2] L’aérodrome de Meaux-Esbly est doté de quatre pistes non revêtues.

[3] Piste non revêtue de 909 m x 50.

[4] Des panneaux normalisés d’indication avertissent les usagers lorsqu’un aérodrome est inaccessible ou que des précautions particulières doivent être prises lors de l’approche ou de l’atterrissage.

[6] Données disponibles sur le site Infoclimat.

[7] Un millimètre de précipitation correspond à un litre d’eau par mètre carré.

[8] Message codifié d’information à destination des usagers.