Accident survenu au Schleicher ASK21 immatriculé F-CIAT le 14/08/2023 à Issoire (63)
Atterrissage dur, rebond, en instruction solo
Note : Les informations suivantes sont issues d’une vidéo et des témoignages de l’instructrice et de l’élève pilote. Ces informations n'ont pas fait l'objet d'une validation indépendante par le BEA.
1. Déroulement du vol
L’élève pilote décolle avec son instructrice de l’aérodrome d’Issoire-Le Broc aux alentours de 15 h 05 pour une série de tours de piste de contrôle. Les tours de piste étant correctement réalisés, l’instructrice propose à l’élève pilote de faire son lâcher solo.
L’élève décolle en remorqué depuis la piste 18L. Le remorquage et le vol se déroulent normalement. Elle est en contact radio avec son instructrice.
Au bout de quelques minutes, elle effectue une prise de terrain en L (PTL) en vue d’atterrir en piste 18L. Au moment d’arrondir, elle sort les aérofreins. L’assiette diminue, le planeur touche durement le sol à l’entrée de la piste, en amont du seuil décalé, puis rebondit jusqu’à une hauteur d’environ dix mètres. L’élève applique alors une forte assiette à piquer. Le planeur entre en collision avec le sol entraînant la rupture du fuselage.
2. Renseignements complémentaires
2.1 Météo
Selon l’instructrice et l’élève pilote, les conditions météorologiques locales étaient CAVOK, avec un vent de 5 à 10 nœuds dans l’axe et une température de 32 °C.
2.2 Piste
La piste 18L, dédiée aux planeurs, a un seuil décalé de 70 m et une longueur disponible pour l’atterrissage de 785 m. Le planeur est initialement entré en contact avec le sol juste après le marquage délimitant la piste, soit près de 70 m avant le seuil décalé.
2.3 Témoignage de l’élève pilote
Âgée de 19 ans, elle était en cours de formation pour l’obtention de la licence de planeur. Elle avait une expérience d’environ 11 heures de vol, toutes effectuées dans les 30 jours précédents et toutes sur ASK21 en double-commande.
Elle a constaté, lors de son passage en vent arrière, qu’elle était un peu trop haut et a donc décidé de sortir les aérofreins pour rattraper le plan de descente. En arrivant en finale, elle a évalué sa position comme trop basse et a donc rentré les aérofreins. Elle indique qu’à ce moment, bien que sa vitesse fût conforme, le planeur lui semblait moins stable qu’à son habitude en passant au-dessus du champ de maïs.
Elle indique avoir appliqué la méthode apprise au cours de sa formation consistant à sortir les aérofreins à mi-efficacité en même temps qu’une action à cabrer sur le manche au moment de l’arrondi. Elle estime avoir sorti les aérofreins trop brusquement provoquant ainsi un contact dur avec la piste suivi d’une action trop importante sur le manche entraînant le rebond. Elle précise qu’en s’apercevant qu’elle allait entrer en collision avec le sol, elle a alors à nouveau rentré les aérofreins.
Immédiatement après cette action, l’ASK21 a rebondi. Elle explique avoir cherché à conserver sa vitesse en poussant sur le manche. Elle rapporte avoir entendu une consigne à la radio de la part de son instructrice lui demandant de prendre une assiette à piquer. Elle indique ne pas avoir eu le temps de faire d’autre action avant que le planeur n’entre en collision avec le sol.
2.4 Témoignage de l’instructrice
L’instructrice indique que les circuits en double comme en solo se sont bien déroulés.
Elle décrit le passage au-dessus du champ de maïs comme délicat en raison des turbulences. Elle considère par ailleurs le plan de descente de son élève comme dans la limite basse acceptable pour atterrir en piste 18.
Elle explique que l’atterrissage avant le seuil décalé est une habitude de l’aéroclub permettant de gagner de la longueur de piste à l’atterrissage.
Selon elle, l’arrondi de son élève était peu marqué et tardif. Elle précise que la sortie brutale des aérofreins peut être à l’origine de l’atterrissage dur puis la forte action à cabrer peut expliquer l’ampleur du rebond.
Elle explique par ailleurs que des proches de son élève assistaient au vol et que leur présence a pu contribuer à augmenter son stress pour son premier lâché solo.
Décembre 2023
Les enquêtes du BEA ont pour unique objectif l’amélioration de la sécurité aérienne et ne visent nullement à la détermination de fautes ou responsabilités.