Accident survenu au Tecnam P2008 immatriculé F-HPLA le 20/08/2024 à Annecy-Meythet (74)
Blocage de la roulette de nez à l’atterrissage, rupture du train avant, en instruction
Note : Les informations suivantes sont principalement issues du témoignage du pilote, de l’instructeur, des photos et des observations transmises par l’exploitant. Ces informations n’ont pas fait l’objet d’une validation indépendante par le BEA.
1. Déroulement du vol
Le pilote, accompagné d’un instructeur, décolle vers 8 h 30 de l’aérodrome Annecy Meythet pour un vol de prorogation de la SEP terrestre. Après avoir effectué les exercices requis pour la prorogation en secteur à 4 500 pieds, le pilote revient vers l’aérodrome pour réaliser des tours de piste. Après deux posés-décollés, le pilote se présente pour le dernier atterrissage. Lors du roulement à l’atterrissage, lorsque la roulette de nez touche la piste, l’instructeur constate l’apparition de ce qu’il pense être un phénomène de shimmy. Il demande au pilote de soulager la roulette de nez et de ne pas freiner. Alors que la vitesse de l’avion diminue, la roulette de nez entre à nouveau en contact avec la piste, émettant un fort crissement associé à des vibrations. La jambe de train avant s’efface sous l’avion et l’hélice touche la piste. L’avion s’immobilise en fin de piste.
2. Renseignements complémentaires
L’instructeur, âgé de 49 ans, était titulaire d’une licence de pilote commercial avion CPL(A) depuis 2012 et de la qualification d’instructeur avion FI(A). Il totalisait environ 7 000 heures de vol.
Le pilote, âgé de 19 ans, était titulaire d’une licence de pilote privé avion PPL(A) depuis 2022. Il totalisait 110 heures de vol.
L’instructeur indique que le pilote connaissait bien l’avion, avait une bonne maitrise des exercices et satisfaisait aux conditions attendues pour la délivrance de la prorogation SEP. Il précise que lors des trois atterrissages il n’y a eu ni rebond ni atterrissage dur. Il ajoute que le pilote lors du dernier atterrissage, réalisé en configuration simulant une panne de sortie de volet, a touché « deux points et avec la bonne assiette ». Il ajoute que lorsque l’avion s’est immobilisé, il a coupé les contacts électriques (magnétos et batterie) et fermé le robinet d’essence. Il a ensuite constaté sur la piste une trace de gomme de plusieurs mètres provenant de la roulette de nez.
Le pilote confirme comme l’instructeur l’absence de rebond ou atterrissage dur lors des trois tours de piste. Il précise que le point de toucher des roues lors du dernier atterrissage a été un peu plus long que les précédents, mais que la longueur de piste restante était suffisante.
L’avion repose sur le nez quelques mètres après le seuil de fin de piste et dans l’axe. Les extrémités des pales ont été endommagées par le contact avec la piste. L’attache reliant la jambe de train au fût de l’amortisseur est rompue, ce qui a permis la rotation de la jambe de train vers l’arrière. L’étrier de la roulette de nez est déformé et l’axe qui assure le maintien de la roue dans l’étrier est partiellement sorti de son logement. Un des deux roulements guidant la roue et permettant sa rotation a été retrouvé en amont approximativement au niveau du point de posé initial de la roulette de nez sur la piste et au début de la trace de gomme.
L’axe qui assure le maintien de la roue dans l’étrier comporte normalement et conformément au manuel du constructeur de l’avion, un écrou de frein à chaque extrémité. Il a été observé qu’un des écrous est manquant et qu’il subsiste uniquement un résidu de la bague nylon sur l’axe. L’axe a été mesuré et sa dimension est conforme à sa définition.
Les témoignages recueillis suggèrent que l’étrier de la roue s’est déformé par blocage de celle-ci sans que la cause initiale (shimmy ou perte d’écrou) puisse être déterminée. Les vibrations engendrées auraient alors généré des contraintes excessives sur l’attache située au niveau du fût de l’amortisseur.
Novembre 2024