Perte de puissance du moteur en montée, demi tour, atterrissage d'urgence, en instruction

CIRCONSTANCES

L'élève décolle de la piste 26 revêtue de l'aérodrome de Moulins avec un instructeur. Alors qu'ils atteignent 2 900 ft d'altitude (2 000 ft/sol) à environ 2 NM de l'aérodrome, l'instructeur perçoit un bruit anormal et des vibrations suivies d'une perte de puissance du moteur. Il reprend les commandes, fait demi-tour et revient atterrir en urgence sur la piste d'où il a décollé quelques instants auparavant.

Les premières observations ont montré que le moteur Lycoming (O-235 J2A) était correctement alimenté en carburant et que les magnétos fonctionnaient normalement.

Le moteur avait accumulé 809 heures de fonctionnement depuis sa révision en 2009 dans un atelier agréé. A cette occasion, des nouveaux blocs cylindres avaient été installés. Ils comportaient les modifications demandées dans le SIB 2009-24 de l'EASA suite à des fissures apparues sur certains moteurs au niveau des embases de cylindres.

Un examen complémentaire a mis en évidence une crique importante sur le demi-carter gauche près de l'embase du cylindre n° 2 (photo 1). Cette crique a généré une fuite d'huile. Aucune embase de cylindre n'était fissurée.

Des traces de « fretting » étaient visibles sur les portées intérieures du carter, au niveau des paliers du vilebrequin (photo 2).

Le « fretting » est la conséquence, naturelle ou non, du frottement des surfaces de contact entre les deux demi-carters du moteur. Il peut avoir pour origine un serrage insuffisant des goujons traversants lors d'une opération de maintenance telle que l'échange des cylindres.

Les conditions météorologiques étaient les suivantes : vent 270° / 5 kt, CAVOK, température 19 °C, QNH 1018 hPa.

Le pilote instructeur totalisait 5 000 heures de vol dont 3 000 sur type, 170 heures de vol dont 100 sur type dans les trois mois précédents et trois heures dans les vingt-quatre heures précédentes, toutes sur type.

L'élève totalisait 120 heures de vol dont 11 heures dans les trois mois précédents, toutes sur type, et aucune dans les vingt-quatre heures précédentes.

CONCLUSION

La détérioration du carter de vilebrequin près de l'embase du cylindre n° 2 a provoqué des vibrations ainsi qu'une perte de puissance du moteur. Les dommages observés pourraient correspondre à un défaut de serrage des goujons traversants.

La bonne réaction de l'instructeur a permis de limiter en vol les conséquences de la panne.