Hélicoptères - 2024
En 2024, le BEA a publié quatre rapports relatifs à des accidents d’hélicoptères. Deux d’entre eux sont basés principalement sur les témoignages des pilotes.
L’un des quatre accidents est la collision en vol survenue entre l’hélicoptère F-HEGT lors d’un vol de transport commercial de passagers et l’avion F-AYVV le 8 février 2024 à Cozy. Au cours de cet accident, les deux aéronefs ont été endommagés mais aucun occupant n’a été blessé. L’enquête de sécurité n’a pas mis en évidence de facteur contributif spécifique à la pratique de la voilure tournante. Pour cette raison, cet accident n’est pas développé dans la suite de ce bilan. Il l’est en revanche dans le bilan Avions légers 2024 pour rappeler la faiblesse de la seule règle « Voir et éviter ».
Les trois autres accidents impliquent des hélicoptères légers monomoteurs et mettent en exergue une difficulté récurrente : la maîtrise de l’hélicoptère et de son environnement. Une personne a été blessée, deux hélicoptères ont été endommagés et le troisième détruit.
Conformément aux dispositions internationales, outre les enquêtes qu’il doit ou peut conduire sur les événements qui surviennent sur le territoire français, le BEA est impliqué dans le cadre d’enquêtes étrangères, au titre de représentant de l’État de conception, de construction, d’exploitation ou d’immatriculation. Notamment en raison de l’export de nombreux hélicoptères et moteurs d’hélicoptère de conception et de construction française, le BEA a ainsi été notifié de 69 enquêtes de sécurité étrangères impliquant des événements d’hélicoptères survenus en 2024 (dont 16 accidents mortels) et nommé un représentant accrédité pour près de 50 d’entre-elles.
Accident survenu au Schweizer 269C immatriculé F-GEXN le 12/05/2023 à Saint-Julien-de-Concelles
1. Obstacle et marge de sécurité
La capacité des hélicoptères à pouvoir être manœuvrés, atterris et décollés près des obstacles est une caractéristique opérationnelle notable. La règlementation n’exige pas de distance minimale d’évolution par rapport aux obstacles lors des manœuvres au sol. Cette flexibilité n’est pas sans risque. Le pilote peut alors s’autoriser à manœuvrer sur des sites ne tolérant aucune marge de sécurité vis-à-vis d’une erreur de pilotage ou d’un aléa technique ou environnemental.
Lors de l’accident survenu au OO-MOK le 15 juillet 2023 à Dijon-Darois, le pilote a rejoint l’aire d’avitaillement dans l’intention d’atterrir sur le H (Marque de l’aire d’atterrissage et de décollage pour les hélicoptères) près des pompes. Lors du toucher des patins d’atterrissage au sol, le pilote a perçu des vibrations qu’il a associées à de la résonnance sol. Il s’est remis en stationnaire et lors de cette manœuvre l’hélicoptère a dérivé et les pales ont heurté l’auvent de la station d’avitaillement. Une photo de la manche à air près du site de l’accident indique un vent d’au moins 25 kt, et un message de vigilance orange pour risque d’orages intenses en Côte-d’Or avait été émis.
Les obstacles représentent un danger et évoluer près de ceux-ci demande une extrême vigilance. Le pilote avait le contrôle de l’hélicoptère, mais n’a pas perçu la faible marge de sécurité en bout de pales ni la dérive engendrée par le vent fort.
L’accident survenu au F-GEXN le 12 mai 2023 à Saint-Julien-de-Concelles est un heurt de ligne électrique lors d’un vol d’épandage. Le pilote, bien qu’aguerri au vol rasant, s’est affranchi des bonnes pratiques comme la reconnaissance de site. Une certaine routine a pu s’installer en raison de la répétitivité et de la brièveté de chaque rotation. Par ailleurs, la gêne visuelle créé par le Soleil de face a très probablement augmenté la difficulté à distinguer les obstacles.
On dénombre pour les événements cités cinq personnes blessées.
2. Perte de maîtrise
Le pilotage de l’hélicoptère nécessite une bonne coordination des mouvements sur les commandes de vol. Chaque action sur l’un des axes de référence (par exemple sur le lacet) engendre automatiquement une correction à apporter sur les deux autres axes (en l’occurrence sur le tangage et le roulis) dans les plus brefs délais.
Le F-HDFV a été endommagé lors de l’accident survenu le 24 avril 2024 à Herm (40). Lors d’un vol d’examen pour l’obtention du PPL (H), l’élève-pilote et l’examinateur se sont présentés en finale pour un exercice d’autorotation avec remise des gaz (sans contact avec le sol). L’examinateur a relevé des points pédagogiques dont un flare exécuté trop haut. Lors du deuxième exercice, moteur réduit avec l’intention d’atterrir, l’élève a exécuté de nouveau un flare trop haut, puis a levé la commande de pas général rapidement et amplement. L’instructeur a repris les commandes de vol et baissé la commande de pas général avant de le manœuvrer de nouveau pour amortir le contact avec le sol malgré la diminution des tours rotor. Peu sustenté et légèrement incliné, l’hélicoptère est entré en collision avec le sol, a glissé puis basculé sur le côté (enquête par correspondance).
Rappel des thématiques des années précédentes
Méconnaissance des caractéristiques et des performances hélicoptères
Maîtrise d’un hélicoptère et de son environnement
Collision avec le relief par conditions météorologiques défavorables au vol à vue
Conduite d’un vol sous l’emprise de drogues
Méconnaissance des caractéristiques et performances des hélicoptères
Risques associés au vol à proximité d’obstacles ou du relief
Faiblesses organisationnelles
Perte de contrôle en vol
Turbulence de sillage générée par un hélicoptère
Quasi-collision avec un drone
Suivi médical des personnels navigants
Perte de contrôle