Incident grave survenu entre l'Embraer ERJ-175 immatriculé PH-EXH exploité par KLM et le Boeing 737-800 immatriculé 7T-VKR exploité par Air Algérie le 5 septembre 2022 à Lyon-Saint-Exupéry (69)
Atterrissage sur une piste occupée par un avion au décollage
L’aéroport Lyon-Saint-Exupéry était exploité en configuration piste unique 17L, en conditions VMC. La contrôleuse LOC a demandé à l’équipage de l’Embraer 175 s’il était prêt pour un décollage immédiat. L’équipage a répondu être prêt et la contrôleuse lui a demandé de s’aligner, d’attendre, et de se tenir prêt, sans mentionner de décollage immédiat. Cette demande et l’absence d’autorisation de décollage immédiat ont surpris l’équipage de l’Embraer. De son côté, l’équipage du Boeing, en finale, à environ 4,3 NM du seuil 17L a indiqué avoir considéré que l’autorisation de décollage transmise à l’Embraer était relative à un décollage immédiat. Sans que la charge de trafic le nécessite, probablement dans une recherche d’optimisation et d’efficacité, la contrôleuse LOC a inséré sur la base de son expérience un avion au décollage entre deux avions à l’atterrissage. Elle n’a pas régulé la vitesse d’approche du Boeing puis a informé tardivement l’équipage de ce dernier (situé à 0,7 NM du seuil et 250 ft de hauteur par rapport au seuil) que la clairance d’atterrissage serait tardive.
La stratégie choisie n’offrait pas de marges et ne permettait pas de prendre en compte d’éventuels inattendus, tels que le délai d’évacuation de la piste par l’avion précédent, le délai de l’avion au décollage à débuter le roulement, voire la remise de gaz de l’avion en finale.
De plus la stratégie de la contrôleuse reposait sur une valeur obsolète de séparation minimale à respecter, les procédures d’exploitation ayant été modifiées un mois auparavant à la suite d’un changement règlementaire.
La contrôleuse LOC et son assistant, dont l’attention était attirée par les alarmes du radar sol A‑SMGCS, ont pris conscience tardivement que la séparation réduite entre l’Embraer au décollage et le Boeing à l’atterrissage, qu’ils pensaient applicable, ne serait potentiellement pas respectée lors du franchissement du seuil de piste par le Boeing 737 à l’atterrissage.
La contrôleuse a transmis l’autorisation d’atterrissage à l’équipage de cet avion à environ 200 m du seuil et 60 ft de hauteur, après avoir constaté le lever des roues de l’Embraer ERJ 175. Au passage du seuil de piste par le Boeing, l’Embraer était encore à 700 m du seuil opposé, ce qui représentait une perte de séparation au regard des procédures d’exploitation en vigueur au moment de l’événement qui imposent que l’avion ait passé le seuil opposé.
Pour éviter un conflit potentiel entre le Boeing en remise de gaz et l’Embraer au décollage, la contrôleuse a préféré laisser poursuivre l’atterrissage et le décollage.