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Accident survenu au Robin DR400 immatriculé F-GAED le 29/05/2024 à Arcachon (33)

Perte de contrôle lors d’un posé-décollé, sortie longitudinale de piste, collision avec un talus

Autorité en charge

France - BEA

Progression de l'enquête Cloturée
Progress: 100%

Note : Les informations suivantes sont principalement issues du témoignage du pilote et des agents AFIS. Ces informations n’ont pas fait l’objet d’une validation indépendante par le BEA.

1 Déroulement du vol

Le pilote décolle à 14 h 03 de la piste 25 L[1] pour un vol local sur le Bassin d’Arcachon suivi de quatre circuits d’aérodrome. Lors du dernier atterrissage, l’avion touche à mi-piste et rebondit. Après plusieurs rebonds, le train avant de l’avion heurte le sol avant le train principal, alors que le pilote augmente la puissance en vue d’un redécollage. Au cours de la manœuvre, l’avion dévie sur la droite et s’élève légèrement au-dessus de la piste revêtue. Le bord d’attaque extérieur de l’aile droite, côté intrados, heurte le sol une vingtaine de mètres après l’extrémité de piste. Le pilote perd alors le contrôle de l’avion qui percute un talus situé à une vingtaine de mètres. La tête du pilote heurte la partie latérale gauche de la verrière et la brise.

Des personnes qui travaillent à proximité de la piste en service arrivent rapidement sur les lieux pour assister le pilote en attendant les secours.

Figure 1 : DR400 immobilisé après la sortie de piste – (Source : BEA

2 Renseignements complémentaires

2.1 Renseignements sur l’aérodrome

L’aérodrome d’Arcachon - La Teste-de-Buch est doté de deux pistes parallèles orientées 07-25, une piste revêtue au nord et une piste non revêtue (LDA 904 m) au sud. La piste 25 est préférentielle.

Le jour de l’événement, la piste revêtue était fermée car des travaux de peinture s’y déroulaient. Sur cet aérodrome, un agent AFIS assure les services d’information de vol et d’alerte.

2.2 Renseignements météorologiques

Le vent reporté par l’agent AFIS à l’heure de l’événement était du 250° pour 7 kt, rafales à 12 kt.

2.3 Renseignements sur l’aéronef

Le Robin DR400-140 B immatriculé F-GAED a été fabriqué en 1976. Il était équipé depuis l’origine de ceintures de sécurité à deux points de fixation[2].

Certains DR400 sont équipés d’un brin d’épaule complémentaire, permettant ainsi d’obtenir un troisième point de fixation. Ce brin a pour fonction d’assurer une meilleure retenue du thorax en cas de décélération brusque ou de choc. F-GAED n’est pas équipé de ce dispositif, la règlementation ne l’impose pas[3].

2.4 Renseignements sur le pilote

Le pilote, âgé de 78 ans, fait état d’une expérience totale de 406 heures de vol, dont 134 en tant que commandant de bord. Son expérience récente était de 8 h dans les 12 derniers mois et de 16 h dans les 24 derniers mois.

Il détenait un certificat médical de classe 2 valide, avec obligation de port de verres correcteurs.

Le pilote portait ses lunettes lors du vol de l’événement.

Il atteste n’avoir jamais utilisé la piste non revêtue de cet aérodrome avant le vol de l’événement.

Il déclare avoir décidé, avant le vol, de réaliser trois circuits d’aérodrome suivis d’atterrissages complets au retour de son vol local. Ces trois circuits s’étant déroulés sans difficulté particulière, il a décidé, lors du dernier, d’effectuer un posé-décollé suivi d’un circuit supplémentaire. Il dit avoir effectué la finale à la vitesse de 110 km/h, ne pas se souvenir des rebonds et explique avoir décidé de reconfigurer l’avion et mis des gaz afin de réaliser un ultime circuit. Il ne s’explique pas comment il a pu perdre le contrôle de son aéronef.

2.5 Témoignage des agents AFIS

Deux agents AFIS étaient présents dans la tour pendant la réalisation des circuits d’aérodrome. Ils témoignent que les trois premiers circuits ont semblé nominaux, mais qu’ils ont constaté lors du dernier circuit que l’avion semblait arriver plus vite que lors des circuits précédents. Ils ont ensuite observé deux rebonds d’une hauteur qu’ils estiment à un mètre - un mètre cinquante, puis un troisième rebond pendant lequel l’aéronef a pris une assiette à piquer et à l’issue duquel le train avant a pris contact avec le sol avant le train principal. Ils déclarent avoir vu l’avion dévier ensuite de l’axe de piste, s’élever en étant incliné à droite puis toucher le sol et enfin s’immobiliser.

2.6 Enseignement de sécurité

Les posés-décollés sont des manœuvres prévues dans la formation d’un pilote privé. Elles sont fréquemment pratiquées par des pilotes brevetés qui souhaitent effectuer une série d’atterrissages et de décollages afin de maintenir leurs compétences.

Il s’avère néanmoins nécessaire que les pilotes aient conscience des risques induits par ces manœuvres et définissent des marges d’exploitation qui tiennent compte à la fois de la nature du revêtement ainsi que de son état, de la longueur de piste disponible, mais également des éventuels imprévus susceptibles de perturber la bonne réalisation de ces manœuvres (atterrissage long, rebonds, etc.).

Les instructeurs peuvent les assister dans la détermination de ces marges.

Septembre 2024


[1] Piste non revêtue (1 284 m x 60).

[2] Généralement appelées ceintures ventrales.

[3] Le règlement NCO.IDE.A.140 n’impose des dispositifs de retenue à trois points de fixation et point de détachement unique que sur les aéronefs dont le premier certificat de navigabilité a été délivré à partir du 25 août 2016.